Généralités

Situation administrative

Ancien Régime. – Subdélégation de Salins.

Révolution. - District de Pontarlier, canton de Villers-sous-Chalamont, puis de Levier.

XIX'-XX' siècles. - Arrondissement de Pontarlier, canton de Levier.

Situation judiciaire

Ancien Régime. - Présidial de Salins, bailliage de Salins.

Villers-sous-Chalamont est situé sur un axe de circulation très ancien, itinéraire celtique route du monarchisme, voie commerciale entre Pontarlier et Salins ; la voie médiévale (XIIIe ?) est matérialisée aujourd'hui encore par un chemin à ornières et par le passage taillé de Chalamont. Des hospices-relais existaient le long de cet itinéraire, tels ceux de Boujailles et de Villers (la route actuelle passe plus au nord, par Villeneuve-d'Amont)

La situation féodale du lieu est assez originale. En effet, lorsque Gaucher IV de Salins fonde en 1202 l'abbaye de Goailles, il la dote du village de «Viler». Mais après l'échange de 1237, les Chalon s'installent également dans la région (voir La Rivière) et construisent le château de Chalamont, centre d'une seigneurie du même nom (en 1257, Jean de Chalon donne à sa femme Laure quelque 500 livres estevenantes, en partie assignées sur la seigneurie de Chalamont). En 1304, une transaction est signée entre Jean de Chalon-Arlay et Guillaume, abbé de Gouailles : ce dernier associe (pour moitié) Jean de Chalon dans la seigneurie de Villers et toutes ses dépendances. En contrepartie, Jean (qui se réserve la haute justice) accorde au monastère et à l'abbé « du bois pour cuire leurs bouillons de la saunerie de Salins» et pour leur chauffage et entre­tien, à prendre dans les forêts de la châtellenie de Chalamont en l'endroit qui leur serait assigné ; il leur attribue aussi des droits de pâturage, plus 50 bichets d'avoine et 50 livres de cire qui lui sont dus par les habitants de Villers.
Les habitants du village ont donc deux «co-seigneurs», ce que rappellent nombres de textes postérieurs au cours de procès au XVIe siècle par exemple (en 1539, le prince d'Orange et l’abbé Guil­laume de Poupet portent plainte ensemble contre les frères Longchamp) ou à propos de règlements divers (en I549, un accord décide que l'argent des tailles est réparti également entre les deux sei­gneurs ; la cire est donnée pour partie au sacristain de Gouailles, le reste étant partagé également). L'abbaye de Mont Sainte-Marie possède des biens dans la région (« Viller » est d’ailleurs cité dans le cartulaire de ce monastère en 1248): en 1312, un accord intervient entre les cisterciens et Jean de Chalon-Arlay sur les limites de leurs domaines respectifs, en particulier dans le secteur de Montorge (à l'extrême sud du territoire communal actuel). Au XVIe siècle, la grange de Montorge (qui dépend de Mont Sainte-Marie) est à l'origine d'un procès 1650): l'abbé prétend que les réparati­ons doivent y être faites par les seigneurs de Chalon (une convention provisoire est signée à Nozeroy le 16 février).
On sait qu'aux XIVe et XV~ siècles, le comté de Bourgogne est « associé » au duché. Ainsi, en 1388, Hugues de Chalon-Arlay reconnaît tenir en fief de Philippe le Hardi (duc et comte de Bourgogne), parmi d'autres possessions, le château et la châtellenie de Chalamont, et les fiefs en dépendant à Boujailles et Villers. Quelques années plus tard, les relations s'aggravent entre le duc et Jean III de Chalon, ce dernier accusé d'avoir laissé assassiner Guillemin Faguier, un officier du duc, et abrité les meurtriers dans sa maison forte de Jougne. Les lettres patentes de Philippe le Hardi (1393) rappellent que Jean III a été arrêté, emprisonné puis grâcié, moyennant la fondation d'une chapelle (voir Chapelle-d'Huin) et le démantèlement du château de Chalamont.
Des amodiations du péage de Chalamont (appartenant au prince d'Orange) sont rapportées dans les docu­ments du XVIe siècle ; au siècle suivant, celui de 1636 évoque les calamités dont est victime la région: Jacques le Blanc (de Levier) demande qu'on lui diminue de moitié la somme de ses amodiations (dont celle du « menu péage ») « au sujet de la peste ». La peste et la « gresle» sont signalées en 1636 et 1637 par d'autres amodiateurs, qui estiment que la « contagion » a fait mourir les deux tiers de la population de Boujailles, Courvières et Chalamont.
Parmi les autres malheurs - outre les « passages de troupes » en ce même XVIIe siècle - Villers-sous-Chalamont est victime d'un grave incendie en 1847 (19 mars) il détruit 22 maisons habitées par 51 ménages.

 

Economie - Société

Démographie historique

1614 : 41 feux - 1657 : 143 hab. - 1688: 127 hab. - 1749 : 50 hab. - 1790 : 377 hab. - 1826 : 470 hab.-1851 : 560 hab. - 1901: 529 hab. - 1926: 490 hab. - 1954: 365 hab. - 1975: 247 hab. - 1982 : 233 hab. - 1999 : 250 hab.

Pertes subies au cours des dernières guerres: 19l4  - 19l8 : 37 *** 1939 - l945 : 7 *** Algérie:1

Familles existantes au XVIIe siècle (registre paroissial, 1745-1755)

Alix, Badoz, Bas, Benoist dit Filiat, Blondeau, Bousson, Boeuf, Brenet, Bulle, Chaillet, Chapuis, Chenevey, Cboulet, Courvoisier, David, Veniset, Dermont, Dole, Foblant, Gagnepain, Girod, Goguilly, Gros, Guyot, Jannin, Lacroix, Lamy, Lefranc, Lepin, Lievaux, Lonchamp, Masson, Menestrier, Faraud, Pelletier, Pernet, Pianet, Poix, Poulain, Poulet, Rufion, Sudan, Toubin, Vagne, Vouge.

Célébrité

Pernet (J.-C.), né à Villers-sous-Chalamont, le 26 juin I 774. Engagé volontaire en 1792, il devient officier et reste à l'armée durant toute la Révolution. Sous l'Empire, il participe à toutes les grandes campagnes napoléoniennes contre l'Autriche (1805,1809), l'Espagne (1808), la Russie (1812). En 1814, il est colonel, aide de camp de Bertilier, baron et commandeur de la Légion d'honneur De retour dans son village natal, il devient maire et y meurt le 10 janvier

 

Il demeure très difficile de se faire une idée précise sur la population et les activités de Villers-sous-Chalamont au bas Moyen Age et jusqu'à la fin du XVIe siècle. Les documents ne nous donnent que des renseignements lacunaires, mais ils nous révèlent la lourdeur des impositions auxquelles les habitants étaient as­sujettis et les revenus de la seigneurie. Les Chalon-Arlay tirent ainsi leurs principaux bénéfices de la route (avec le péage de Chalamont) et des droits seigneuriaux.

En 1387, Hugues de Chalon ac­corde aux habitants du village le droit de prendre tout le bois qui leur est néces­saire dans ses forêts de Chalamont, de Scay, du Jura et de Ban, moyennant un cens de 20 livres estevenantes. Toujours au XIVe siècle, chaque habitant doit au sire de Chalon trois jours de corvée, l'un à Pâques, l'autre à la Pentecôte et le troi­sième à Noël, deux sous de cens et une livre de cire. Sur la cire collectée, l'abbé de Goailles, co-seigneur du lieu, en prélève 80 livres pour le luminaire de Notre-Dame dans son abbaye.

Si Ies produits du «gros péage » reviennent aux sires de Chalon, princes d’Orange. le «menu péage » fait l'objet de multiples amodiations. Il est ainsi confié en 1531 à Guillaume Valet pour la somme de 135 florins et demi (monnaie de Bourgogne). Cette somme est portée à 169 florins en 1542. En 1551, il est amodié à Pierre Guyette pour 202 florins, en 1616, à des nommés Grollet pour 6 ans, moyennant 66 francs par an. Pour l'année 1645, le receveur du prince d'Orange le cède à Antoine Henriot de Pontarlier, contre une somme de 80 francs. Certains tentent de se soustraire à ce péage. Malheur à qui se fait prendre. Pierre Courbet de Flagey qui omet en 1515 de s'acquitter de la redevance pour 12 bœufs se voit condamner à 60 sols d'amende et ses bœufs (estimés 99 francs) sont confisqués.

Autre source de revenus : le four banal. A titre comparatif, il est amodié pour 18 florins en 1544. 15 florins et demi en 1547, 23 francs en 1557... Les bêtes sont également l'objet de taxes. Au milieu du XVIe siècle, les habitants de Villers-sous-Chalamont devaient déclarer chaque année les animaux qu'ils pos­sédaient et payer 5 sols estevenants par boeuf, 5 sols estevenants par « jument travaillant », 3 sols par vache, 12 deniers estevenants par chèvre et par brebis. Jean Richardet, ayant refusé de déclarer les 6 boeufs qui étaient dans sa maison, est condamné en 1547 à payer 30 sols estevenants et 3 livres de cire.

Les dénombrements effectués à par­tir du XVIIe siècle, tout en restant ponctuels, nous permettent de mieux saisir l'importance de la localité : 41 feux en 1614, soit un peu plus de 200 habitants; puis la population s'effondre. A cela diverses raisons : la guerre de Dix Ans. le déclin du péage. les épidémies et des facteurs qui nous échappent. Le fait est là la population régresse : 143 habitants en 1657, 127 en 1688, environ 80 en 1735 (16 feux) et 50 en 1749. Ce n'est que dans la seconde moitié du siècle que la tendance se renverse : 63 feux en 1784. soit plus de 300 habitants, et 377 à la veille de la Révolution (1790).

Cette population vit essentiellement de céréales et d'élevage. 153 bêtes à cor­nes, 98 bêtes à laine. 34 chevaux et 20 porcs sont dénombrés en 1688. En 1795. le cheptel s'élève à 757 bovins, 341 ovins. 61 porcs et 28 chevaux. Quant aux bois, ils couvrent 538 arpents en 1784.

Après la tourmente révolutionnaire, la population n'est plus que de 316 habitants en 1801. mais ce nombre augmente au cours de la première moitié du XIXe siècle. le maximum étant atteint en 1846 avec 615 habitants, soit un taux de croissance de 94%. Il y a alors 92 hommes mariés, 92 femmes mariées, 203 garçons, 188 filles, 27 veuves et 13 veufs. Puis les effectifs oscillent entre 488 habitants(1856) et 521(1911). Après la Première Guerre mondiale. le déclin est inexorable : 505 habitants en 1921, 365 en 1936, 320 en 1968, 233en l982, mais semble remonter pour atteindre 250 en 1999.

En 1846, les agriculteurs labourent 391 ha. 306 sont en prés, 121 en pâtures et terrains de parcours. Deux fromageries regroupent, en 1856. 60 associés, mais en 1875 il n'y en a plus qu'une ali­mentée par le lait de 110 vaches. Elle produit alors 13.800 kg de fromage et 1.620 kg de beurre. L'élevage prend pro­gressivement le pas sur les cultures au XXe siècle. 230 bovins existent en 1909, 787 en 1980, dont 407 vaches qui fournissent à la fromagerie 1,7 mil lion kg de lait. Sur une surface agricole utile de 487 ha, 458 sont toujours en herbe. Un remembrement a été effectué en 1975, et, en 1986, il ne subsiste que douze agriculteurs.